Les 3 R: Reproduction-Reconnaissance-Réparation 3/3

ParCyrille Bertrand

Les 3 R: Reproduction-Reconnaissance-Réparation 3/3

Nous arrivons à notre 3ème et dernier article sur les 3R : la Réparation ! Mais que réparons nous ? Et de quoi parlons-nous ? À la fin de l’article sur la Reconnaissance, je terminais en évoquant l’importance de penser son client et donc le « panser » dans ses expériences complexes.


A ne pas oublier non plus, que d’une part nous sommes dans une théorie du conflit et non du déficit et que d’autre part s’il y a une Réparation possible, c’est qu’il y a quelque chose d’existant qui se reproduit dans un ajustement conservateur.

Suite aux différentes recherches sur l’attachement, la Mentalisation, la Résilience, … nous savons à quel point, le « pourvoyeur de soin » est important pour initier le contact, créer une relation et faciliter la permanence du lien dans les premières années de l’existence.

Nous pourrions donc partir de ce postulat :

si le lien fait « être », c’est par le lien que nous allons tenter de « guérir », « soigner », « réparer ».

Dans l’action de réparer, c’est proposer un ajustement créateur à l’endroit de la complexité. Même si c’est du nouveau, cela ne sera pas du « neuf » pour autant. C’est une évolution de l’ancien car l’histoire développementale reste l’histoire de la personne.

 

La Réparation démarre dans la Reconnaissance.

L’évolution pour qu’elle soit réparatrice doit s’appuyer sur une Reconnaissance de l’ancien (ajustement conservateur) et le nouveau (ajustement créateur) qui lui-même est anxiogène car inconnu. Le dilemme de contact qui est à la fois indispensable et intolérable, dans son indispensable cherche à compléter une Gestalt (tentative de « réparation ») mais tout aussi intolérable dans le fait de la compléter… C’est cette reconnaissance de l’ancien (goût de conservateur que la personne connait bien donc peu anxiogène), pour aller vers l’ajustement créateur à la fois nouveau et inconnu (anxiogène) qui est l’enjeu de la Réparation. Il est aisé de comprendre de ce point de vue, les impasses de contact qui peuvent se produire dans les relations significatives pour la personne.

 

La Réparation, c’est la partie la plus réelle du processus thérapeutique, car cette nouvelle expérience éprouvée par le client s’inscrit dans la relation thérapeutique.

Le processus de dissolution de Microchamps introjectés (impasses de contact) va se faire progressivement tout au long de la cure thérapeutique. Ces moments de réparation vont permettre de récréer la confiance épistémique qui permet d’apprendre au contact de l’autre nécessaire au développement psycho-affectif, car la Réparation n’est pas une fin en soi. Elle est le premier pas vers une réalisation de la personne dans sa vie quotidienne. Cette confiance épistémique retrouvée en présence du thérapeute va devoir se conjuguer dans un apprentissage des relations significatives actuelles de la personne.

Comme je le dis souvent à mes stagiaires :

« les personnes que nous accompagnons ne doivent pas se limiter à recevoir en thérapie ce qu’elle devrait vivre dans la vie de tous les jours. L’espace thérapeutique n’est qu’un passage pour retrouver cette confiance et la déployer. »

Pour conclure, la cure thérapeutique permet d’apprendre à vivre avec les traces de son histoire et (re) trouver sa capacité à créer des liens satisfaisants pour traverser les épisodes de l’existence.

 

Les crises développementales de l’âge adulte : épisodes clés de l’existence !

Elles sont plus ou moins fortes en fonction du niveau de fonctionnement de la personnalité. Dans cette direction, je vous invite à (re) voir la vidéo du Professeur Robert Waldinger (TED) sur une étude de 75 ans qui permet de conclure que ce qui rend heureux et donne la sensation d’une vie « réussie » c’est notre capacité à créer des relations stables.

Image de couverture de la vidéo du Professeur Robert Waldinger, cité dans notre article :"La réparation".

(photo de la vidéo du professeur Robert Waldinger, visible sur le site web du TED)

La psychothérapie du lien, que nous pratiquons, favorise cette capacité à être en relation avec son environnement. Cette approche a fait également ses preuves pour faire face et traiter des personnes souffrant de troubles de la personnalité en manque elles même de relations stables.

Permettre cette réparation n’est pas une chose aisée, nous l’avons vu au cours de ces trois articles sur le processus des 3R : Reproduction, Reconnaissance, Réparation. Pour autant c’est ce que nous devons arriver à construire avec nos clients avec une posture qui repose sur 3 compétences : Réflexives, Interactives et Affectives.

 

Celles-ci feront l’objet d’une prochaine série d’articles !

 

> Formations en liens avec cet article : INTRODUCTION PGRO / CYCLE INTENSIF

 


 

À propos de l’auteur

Cyrille Bertrand editor

Fondateur et Directeur pédagogique de NGI

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