Régulation affective de Schore

ParCyrille Bertrand

Régulation affective de Schore

Lors du précédent article, je vous ai parlé des systèmes motivationnels de Jaak Panksepp, père des neurosciences affectives. Aujourd’hui, je vais revenir sur une partie des travaux de Schore concernant la question de la régulation affective.


Les neurosciences affectives (2/3) : la régulation affective du Dr. Allan N. Schore

En janvier 2020 à l’occasion de l’article sur la Psychothérapie du lien et les NSA, j’évoquais le fait que nous étions rentrés dans l’ère de la « régulation affective » et que les thérapeutes devraient « muscler » leur compétence affective afin de pouvoir accompagner des personnes dans une société en manque de régulation. Au moment où je l’ai écrit, nous n’étions pas encore rentrés dans la crise du COVID-19, qui montre à travers le confinement les difficultés de régulation présentes et avenirs…

Schore et ses équipes ont réalisé un travail essentiel sur la question de la régulation du self, le développement du cerveau droit et la nécessité qu’il soit régulé chez l’enfant pour son développement psycho-affectif. Il donne un éclairage important sur la dynamique transféro-contre transférentielle entre le client et le thérapeute, c’est une partie qui m’a intéressé dans la formation des praticiens de la psychothérapie à la fois dans leur développement mais surtout dans ce que cela demandait d’un point de vue psycho-affectif au thérapeute.

Trois concepts clés pour la posture du thérapeute : La proto-conversation, l’accordage et l’endiguement psychique.

La proto-conversation :

Elle est essentiellement non verbale, avec le regard comme vecteur d’échanges émotionnels et somato-sensoriels, c’est la régulation affective de la mère et de l’enfant. Au-delà de l’aspect visuel, la dimension auditive est très importante avec la prosodie. Pour activer le cerveau droit du client, nous avons quatre leviers : le ton baisse, le débit de parole ralentit, l’expression est calme, des mots simples.

Pour le thérapeute, cela va être sa capacité à faire « un pas de côté » pour être à l’écoute de sa propre prosodie ! Ce que j’ai pu observer de ma propre pratique et pendant les practicums avec les stagiaires, quand nous parlons « vite » ou encore « expliquer au client » c’est à dire à l’inverse des leviers proposés. Nous sommes activés par une identification projective. En étant uniquement en mode interprétatif (cerveau gauche) nous nous coupons de l’impact qu’il a sur nous et de sa souffrance. Nous devenons dérégulés comme le client …

L’accordage :

Cette « ambiance », permise par la proto-conversation, crée un accordage entre la mère et le nourrisson. Ce qui va être crucial, c’est la capacité de la mère à tolérer et réguler les moments de dés-accordage afin de créer le ré-accordage ! Accordage-désaccordage-réaccordage sont trois étapes nécessaires au processus de développement de l’enfant afin qu’il apprenne à tolérer et à réguler à son tour.

Si nous revenons chez le professionnel, après avoir été dérégulé, sa capacité à s’autoréguler va être le minimum qu’il peut mettre au service du client car son cerveau « baigne » dans le cortisol. C’est la base pour une co-régulation, les travaux de Schore montre clairement, cette nécessité de s’autoréguler !

« Cela crée un espace inconsciemment sécuritaire pour le client »

A. Schore

Ce qui amène la question suivante : Une fois que le thérapeute s’est autorégulé, a-t-il assez d’énergie pour co-réguler son client et qui plus est plusieurs clients dans une journée… ?!

L’endiguement psychique :

Après ces quelques éléments sur la prosodie et l’accordage, chez un thérapeute quel que soit son approche, l’endiguement psychique est une notion centrale dans une psychothérapie de face à face basée sur la relation. Je trouve que cette dimension est sous-estimée dans la formation des thérapeutes. La thérapie personnelle du professionnel abonde dans ce sens mais il est important de continuer à développer une posture qui permet d’ancrer cette capacité à « endiguer psychiquement » le client.

Le client va projeter ses parties désavouées/clivées et le thérapeute par endiguement, va les porter, les tolérer, puis les réguler afin de les restituer au client d’une manière assimilable… Tout un programme sur le traitement de l’identification projective !C’est un accent qui est mis particulièrement lors de la deuxième année du cycle intensif.

Photo du Dr. Allan N Schore et de son livre "La régulation affective et la réparation du soi" au éditions du CIG.

Apprendre à travailler avec une posture PGRiste, c’est l’engagement que nous essayons de tenir face à nos clients pour vivre et retrouver l’importance d’un lien régulé dans une relation thérapeutique.

Au plaisir de vous retrouver en avril pour le dernier article de cette série, sur le concept de la mentalisation de Peter Fonagy.

Prenez soin vous et de tous en restant chez vous !


> Formations en liens avec cet article : 

CYCLE INTENSIF

PSYCHOTERAPIE ET NSA

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Les Neurosciences Affectives (1/3) : Systèmes motivationnels de Panksepp

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Le Développement Psycho Affectif – Première partie

Qu’est-ce que la Psychothérapie ?

Les Neurosciences


À propos de l’auteur

Cyrille Bertrand editor

Fondateur et Directeur pédagogique de NGI

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