La croissance post-traumatique

ParCyrille Bertrand

La croissance post-traumatique

Depuis le début des années 2000, beaucoup d’études et différentes approches ont permis d’avancer sur la connaissance du trauma et ses répercussions sur le stress, et plus globalement sur la santé physique et psychologique. Cela a permis en creux de reconnaître l’importance de l’impact de l’environnement dans le développement de l’individu.


Croissance post-traumatique et Résilience

La résilience ne se fait jamais seule, elle se fait dans le lien… C’est-à-dire dans la capacité de l’individu à mobiliser ses ressources internes et les ressources externes disponibles dans son environnement. 

Les ressources internes sont les facteurs de résilience de l’individu et les ressources externes sont les facteurs de résilience dans l’environnement. 

Je pense que la plus grande ressource d’un individu est sa capacité à trouver des appuis dans son environnement. Comme le spécifie Gilles Delisle, la personnalité est le résultat entre la somme des facteurs de risque et la somme des facteurs de résilience. Si la somme des facteurs de risque est supérieure aux facteurs de résilience, l’individu développera potentiellement une personnalité « pathologique », à l’inverse il développera une personnalité potentiellement « saine ». 

Les types de traumas

Comme vous l’aurez compris, le trauma fait partie des risques liés à l’environnement. Eldra P. Solomon et Kathleen M. Heide nous parlent de trauma simple ou complexe qui rappelle les traumas de type I ou II. 

Que ce soit un trauma de type I (événement unique, isolé et limité dans le temps) ou un trauma de type II (évènement répétitif dans le temps, menaçant de se reproduire), cela peut amener des troubles importants comme le stress post traumatique ou plus grave des troubles de la personnalité limite (TPL).

Aujourd’hui, Eldra P. Solomon et Kathleen M. Heide évoquent un trauma de type III : évènements multiples, envahissants et violents durant une longue période, exploitation sexuelle forcée, abus sexuels intrafamiliaux. 

Après ce bref rappel, des différents types de trauma et de leurs conséquences, je souhaiterais souligner une autre dimension du trauma qui est la dimension de la croissance post-traumatique dont on parle peu… Où un certain nombre de personnes sont en mesure de se relever face aux événements de la vie. 

On constate que ces personnes, traversant des épreuves de la vie, deviennent de « meilleure personne », en apprenant des expériences auxquelles elles sont confrontées, aussi difficiles soient elles ! 

Les Sept Bénéfices Psychologiques

Selon Scott Barry Kaufman, psychologue à l’université Columbia de New York, qui tient le blog de Scientific American Beautiful Minds et anime « The Psychology Podcast » :

« Lorsqu’on surmonte un événement de vie très difficile, sept bénéfices psychologiques sont souvent observés » 

Voici ces sept bénéfices :

  1. l’impression de plus apprécier la vie ;
  2. un renforcement des relations avec nos proches, dont nous profitons davantage ;
  3. un accroissement de la compassion et de l’altruisme ;
  4. l’identification de nouvelles possibilités ou d’un but dans la vie ;
  5. une meilleure connaissance et une utilisation plus judicieuse de nos forces personnelles ;
  6. un renforcement du développement spirituel (si l’on est athée, cela se traduit par un questionnement existentiel plus profond et vécu comme enrichissant) ;
  7. une augmentation de la créativité. » 

Y a-t-il eu une croissance post-traumatique chez les professionnels de la santé mentale ? 

Nous pourrions dire : « oui ! », rien que dans le fait de choisir ce métier ! Je ne pense pas que toutes les personnes ayant vécu dans des environnements complexes soient devenues des « soignants », mais est-ce que tous les soignants viennent d’un milieu « traumatique » ? 

Au regard de ces sept bénéfices, cela tomberait sous le sens mais il est primordial d’avoir suivi un chemin thérapeutique pour « embrasser » le métier de thérapeute afin de préserver l’équilibre entre sa volonté d ‘aider et la toute-puissance du soignant. 

Dans mon article précédent, « être thérapeute », j’évoquais le traumatisme vicariant (traumatisme secondaire) vécu par les professionnels de l’aide. Celui-ci fait partie des traumas de type II du fait des mécanismes de reproduction inhérent à la relation thérapeutique

Il est très difficile de rester dans le savoir « être thérapeute », d’entretenir sa compétence affective au service de nos clients. Dans un premier temps, ce ne sont pas les compétences réflexives et interactives qui vont endiguer psychiquement la dysrégulation affective (voir article : La régulation affective). C’est bel et bien la compétence affective du thérapeute ! 

La Psychothérapie du Lien (PGRO) est basée sur une posture régulée du thérapeute qui passe par un travail personnel, comme vu plus haut, mais également une écologie psychique entretenue tout au long de la pratique, d’une manière significative, sans quoi la compétence affective se fragilise. 

De mon point de vue, les thérapeutes doivent être sensible à leur croissance « post-traumatique » et la travailler tout au long de leur carrière. Cela s’applique avec une plus ou moins grande intensité pour les autres professionnels du soin au risque d’être « cramés » en fin de carrière…

Dans la plupart des formations NGI, nous tenons compte de se bien-être à développer au-delà de la transmission théorique et didactique. Afin que les professionnels repartent avec des balises pour le quotidien et des signes d’alertes à respecter, nous enseignons une posture qui permet de développer une capacité à s’auto-apaiser face aux clients. 

En conclusion de cet article sur la croissance post-traumatique, je dirais que les changements ne surviennent pas à partir d’illusions, la transformation se fait à partir de l’acceptation de la réalité et de son auto-régulation.


> Article en lien : 

Être thérapeute

Les neurosciences

La régulation affective

Qu’est-ce que la PGRO ?


> Formation en lien avec cet article  :

La Trilogie

Practicum supervisés

PDL & NSA

Cycle intensif


À propos de l’auteur

Cyrille Bertrand editor

Fondateur et Directeur pédagogique de NGI

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